Retour Entretien avec Céline Beaujolin, Déléguée générale de l’association Filière hors-site France et ex-directrice générale de la Fédération Habitat et Humanisme 23/07/2024 Activité Nous vous invitons à découvrir le témoignage de Céline Beaujolin, Déléguée générale de l’association Filière hors-site France et ex-directrice générale de la Fédération Habitat et Humanisme, membre du Comité de mission du groupe Seqens. Un entretien en lien avec notre objectif de mission "Déployer l’ensemble de nos compétences d’opérateur global pour transformer la Ville". Entretien avec Céline Beaujolin, Déléguée générale de l’association Filière hors-site France et ex-directrice générale de la Fédération Habitat et Humanisme. Quel regard portez-vous sur la situation du logement en 2024 ? Nous sommes dans une situation qui conjugue crise de long terme, marquée par une hausse tendancielle des prix du foncier, et une crise de court terme avec une forte difficulté à produire, c’est-à-dire à créer des permis de construire. Cette situation m’amène à penser que les politiques publiques ont du mal à définir une stratégie en matière de logement. Nous ne savons pas répondre à cette question : de quoi avons-nous besoin, à quel endroit et pour quels publics ? Or, la réponse à cette question est absolument nécessaire pour piloter de manière optimale le dossier du logement. Autre problème majeur, l’absence d’aménagement du territoire alors que la métropolisation soulève de nouveaux enjeux parmi lesquels l’étalement urbain, la fluidité des mobilités et les inégalités entre territoires. Même s’il existe des mesures correctives qui ont été prises pour dynamiser le logement à l’échelle nationale, comme le plan d’investissement “Action coeur de ville”, le programme “Petites villes de demain” ou encore le plan national de développement des pensions de famille, j’ai du mal à entrevoir la cohérence de la politique qui est menée depuis plusieurs années. Pour améliorer la situation, plusieurs pistes peuvent être mises en oeuvre. Aujourd’hui, nous ne savons pas ou plus construire de manière qualitative, d’où la nécessité d’explorer de nouveaux modes constructifs, qu’ils soient écoresponsables, modulaires ou réversibles. La filière de la construction doit se réinventer, travailler avec de nouveaux matériaux et proposer de meilleurs produits au marché. Sur la question du manque de foncier, il faut raisonner autrement en densifiant les villes, en rehaussant les bâtiments, en recourant au numérique et à l’intelligence artificielle qui ouvrent de nouvelles perspectives. Quant au manque structurel de logements, il faut bannir la logique descendante qui prévaut pour privilégier la proximité et agir à l’échelle territoriale. Cela commence par une analyse territoriale des besoins portée par les pouvoirs publics locaux, les opérateurs, les bailleurs sociaux, les associations, etc. C’est un préalable d’autant plus indispensable pour définir une stratégie pertinente et pérenne que nous connaissons un vieillissement de la population pour lequel nous avons besoin de structures et de logements adaptés. Bref, il faut penser et agir autrement. Comment les acteurs du logement peuvent-ils concrètement répondre à l'essor des besoins sociaux et démographiques ? Ces acteurs sont par définition multiples. l’état doit mobiliser tous les acteurs, notamment les propriétaires bailleurs et les investisseurs privés, et définir le rôle de chacun. Nous avons besoin de l’engagement de tous. Les fonds d’investissement ont aussi un rôle à jouer. Ils doivent être exemplaires en matière de responsabilité sociale d’entreprise et répondre aux exigences réglementaires quant à la qualité des produits. Les collectivités pour leur part doivent exprimer et cadrer leurs besoins et disposer de marges de manoeuvre plus grandes pour agir avec, à la clé, des financements de la part des opérateurs. Quand aux bailleurs sociaux, il s’agit de clarifier leur mission et de les aider à retrouver une capacité à construire. La France fait face à des besoins sociaux en forte hausse avec, nous l’avons vu, une population qui vieillit, avec des familles qui se recomposent et avec un flux d’entrants sur le territoire chaque année de l’ordre de 150 000 personnes. Ce dernier point pose la question de l’hébergement d’urgence qui peut d’autant moins faire face à ce volume que le flux sortant est très faibles. D’où la nécessité de faire travailler en synergie tous les acteurs concernés. Il faut sur ce sujet passer à l’échelle. Les périmètres du logement social et du logementintermédiaire devraient en conséquence être repositionnés. S'il y avait une priorité à mettre en oeuvre immédiatement pour répondre à la crise du logement, quelle serait-elle ? Pour moi, la priorité c’est de dégager une offre du logement dans les secteurs tendus – neuf ou mobilisation du parc existant – en laissantdes marges de manoeuvre aux acteurs locaux pouragir sur les priorités et trouver les leviers locaux adaptés. Dans ce cadre, la loi SRU est essentielle pour maintenir une obligation de résultat. Il faut réfléchir au positionnement des villes moyennes et s’interroger sur l’emploi et les mobilités à l’heureoù les métropoles séduisent beaucoup moins qu’il y a quelques années. Il faut aussi simplifier, ce qui implique moins de normes, moins de recours et davantage de confiance donnée aux acteurs de proximité. Pour conclure, je suis convaincue qu’il faut relancerune réflexion sur l’aménagement du territoire et réfléchir aux besoins des 10 ou 12 grandes collectivités françaises. C’est un préalable indispensable pour débloquer la question du logement et retrouver un peu de visibilité à moyen terme.
Entretien avec Céline Beaujolin, Déléguée générale de l’association Filière hors-site France et ex-directrice générale de la Fédération Habitat et Humanisme. Quel regard portez-vous sur la situation du logement en 2024 ? Nous sommes dans une situation qui conjugue crise de long terme, marquée par une hausse tendancielle des prix du foncier, et une crise de court terme avec une forte difficulté à produire, c’est-à-dire à créer des permis de construire. Cette situation m’amène à penser que les politiques publiques ont du mal à définir une stratégie en matière de logement. Nous ne savons pas répondre à cette question : de quoi avons-nous besoin, à quel endroit et pour quels publics ? Or, la réponse à cette question est absolument nécessaire pour piloter de manière optimale le dossier du logement. Autre problème majeur, l’absence d’aménagement du territoire alors que la métropolisation soulève de nouveaux enjeux parmi lesquels l’étalement urbain, la fluidité des mobilités et les inégalités entre territoires. Même s’il existe des mesures correctives qui ont été prises pour dynamiser le logement à l’échelle nationale, comme le plan d’investissement “Action coeur de ville”, le programme “Petites villes de demain” ou encore le plan national de développement des pensions de famille, j’ai du mal à entrevoir la cohérence de la politique qui est menée depuis plusieurs années. Pour améliorer la situation, plusieurs pistes peuvent être mises en oeuvre. Aujourd’hui, nous ne savons pas ou plus construire de manière qualitative, d’où la nécessité d’explorer de nouveaux modes constructifs, qu’ils soient écoresponsables, modulaires ou réversibles. La filière de la construction doit se réinventer, travailler avec de nouveaux matériaux et proposer de meilleurs produits au marché. Sur la question du manque de foncier, il faut raisonner autrement en densifiant les villes, en rehaussant les bâtiments, en recourant au numérique et à l’intelligence artificielle qui ouvrent de nouvelles perspectives. Quant au manque structurel de logements, il faut bannir la logique descendante qui prévaut pour privilégier la proximité et agir à l’échelle territoriale. Cela commence par une analyse territoriale des besoins portée par les pouvoirs publics locaux, les opérateurs, les bailleurs sociaux, les associations, etc. C’est un préalable d’autant plus indispensable pour définir une stratégie pertinente et pérenne que nous connaissons un vieillissement de la population pour lequel nous avons besoin de structures et de logements adaptés. Bref, il faut penser et agir autrement. Comment les acteurs du logement peuvent-ils concrètement répondre à l'essor des besoins sociaux et démographiques ? Ces acteurs sont par définition multiples. l’état doit mobiliser tous les acteurs, notamment les propriétaires bailleurs et les investisseurs privés, et définir le rôle de chacun. Nous avons besoin de l’engagement de tous. Les fonds d’investissement ont aussi un rôle à jouer. Ils doivent être exemplaires en matière de responsabilité sociale d’entreprise et répondre aux exigences réglementaires quant à la qualité des produits. Les collectivités pour leur part doivent exprimer et cadrer leurs besoins et disposer de marges de manoeuvre plus grandes pour agir avec, à la clé, des financements de la part des opérateurs. Quand aux bailleurs sociaux, il s’agit de clarifier leur mission et de les aider à retrouver une capacité à construire. La France fait face à des besoins sociaux en forte hausse avec, nous l’avons vu, une population qui vieillit, avec des familles qui se recomposent et avec un flux d’entrants sur le territoire chaque année de l’ordre de 150 000 personnes. Ce dernier point pose la question de l’hébergement d’urgence qui peut d’autant moins faire face à ce volume que le flux sortant est très faibles. D’où la nécessité de faire travailler en synergie tous les acteurs concernés. Il faut sur ce sujet passer à l’échelle. Les périmètres du logement social et du logementintermédiaire devraient en conséquence être repositionnés. S'il y avait une priorité à mettre en oeuvre immédiatement pour répondre à la crise du logement, quelle serait-elle ? Pour moi, la priorité c’est de dégager une offre du logement dans les secteurs tendus – neuf ou mobilisation du parc existant – en laissantdes marges de manoeuvre aux acteurs locaux pouragir sur les priorités et trouver les leviers locaux adaptés. Dans ce cadre, la loi SRU est essentielle pour maintenir une obligation de résultat. Il faut réfléchir au positionnement des villes moyennes et s’interroger sur l’emploi et les mobilités à l’heureoù les métropoles séduisent beaucoup moins qu’il y a quelques années. Il faut aussi simplifier, ce qui implique moins de normes, moins de recours et davantage de confiance donnée aux acteurs de proximité. Pour conclure, je suis convaincue qu’il faut relancerune réflexion sur l’aménagement du territoire et réfléchir aux besoins des 10 ou 12 grandes collectivités françaises. C’est un préalable indispensable pour débloquer la question du logement et retrouver un peu de visibilité à moyen terme.